Le blog du Réseau des journalistes économiques de Guinée

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Rapport synthèse du Déjeuner de presse sur les réformes du secteur minier guinéen

 Dans le cadre de la mise en œuvre de son plan d’Action semestriel, le  Réseau des Journalistes Economiques de Guinée ‘’REJEG’’ en partenariat avec la Banque Mondiale a organisé  le samedi 9 avril 2011, à l’hôtel le Rocher de Conakry, un déjeuner de presse regroupant un panel de personnalités autour d’une question majeure et d’actualité : « Quelles réformes faut-il apporter au secteur minier guinéen afin qu’il contribue efficacement au développement socioéconomique du pays ? ».

 

Cette rencontre a connu la présence d’éminentes personnalités, membres du  gouvernement, des hauts cadres de  l’Etat, des partenaires au développement, bailleurs de fonds, des diplomates, opérateurs du secteur minier, acteurs de la société civile, hommes de droits et hommes de medias notamment…

- Mr Albert Damantang Camara, Ministre de l’Enseignement Technique, Professionnel et de l’Emploi

-Mr Momo Sakho, Conseiller juridique à la présidence

- Mr Mamady Youlah, vice président de la Chambre des mines de Guinée et patron de Guinea Alumina Company

- Dr Ahmed Tidiane Souaré, Ancien Premier Ministre et Ancien Ministre des Mines

 Dr Ousmane Sylla, Ancien Ministre des Mines

- Mr Abdourahmane Sanoh, Ancien ministre de l’agriculture et PDG du CIEPEX, Abdourahmane Sano

- Mr Bano Barry,  vice Recteur chargé de recherche a l’Université de Sonfonia

-L’Ambassadeur d’Allemagne, Mr Karl Prinz

-Le  Deuxième conseiller de l’Ambassade de France,  Mr Alain Lafargue

Le Chef de la section politique de l’Ambassade de Chine, Mr TONG Xinping

- Mr Mamadou Alpha Diallo, consultant membre de la GIZ

- Mr Wayne CAMARD, représentant Résidant du FMI en Guinée

- Elhadj Mamadou Saliou Diallo, responsable de la cellule de communication Banque Mondiale Guinée

- Mme  Olivia Dong  Obiang,  Chargée de Communication du Système des Nations Unies

- le représentant du  Syndicat des Mines,

- Mr Nava Toure, Président du comité  national de Révision du Code Minier

- Mr Morciré Sylla,  Président de l’Ordre National des Ingénieurs Géo-mines

- Le  représentant des orpailleurs

- Me Alpha Oumar Diallo, Avocat d’affaires,  spécialisé dans les questions minières  

-Les membres du REJEG et des journalistes de la presse nationale et étrangère

 

      Synthèse des Discours introductifs

 

Ce déjeuner de presse  a commencé par le ‘’Mot de bienvenue’’ du président du REJEG, Ibrahima Ahmed Barry, qui a vivement remercié la Banque Mondiale pour son appui et  ses conseils ayant permis la tenue de ce débat autour du repas. Il a également salué les invités pour leur présence massive et de qualité à ce déjeuner de presse qui, souligne-t-il, vise « à  créer un tremplin, un cadre  d’échanges constructifs où les acteurs et partenaires au développement peuvent se retrouver pour débattre des politiques, des programmes, des réformes et des projets qui engagent le pays avec pour finalité d’offrir des orientations, des pistes de reflexions et des approches de solutions pragmatiques ». 

Le président du REJEG a réaffirmé  l’engagement de son réseau à produire un document synthèse de la rencontre à remettre au gouvernement et à toutes les parties impliquées dans la mise en œuvre de la politique minière en Guinée ; ceci en guise de contribution du REJEG au débat national sur les reformes du secteur minier.

Au nom du représentant résidant de la Banque Mondiale en Guinée en mission, M. Mamadou Saliou Diallo , responsable de  la cellule communication à la banque Mondiale à  Conakry a salué l’initiative du Réseau des journalistes et justifié le partenariat que son institution développe avec la structure pour renforcer les capacités des journalistes et promouvoir la gouvernance économique en Guinée. Il a émis le souhait de voir se pérenniser cette expérience en exhortant  l’Etat et d’autres  partenaires au développement à soutenir les activités du REJEG.

En fin et pour susciter les débats, M. Aboubacar Akoumba Diallo, membre du REJEG, a fait un exposé sur le secteur minier guinéen, retraçant ses atouts et ses faiblesses. Selon lui, malgré la forte représentativité des multinationales en Guinée, bâtissant leurs stratégies à partir de l’exploitation primaire des ressources minières, et en dépit du contexte international favorable à la valorisation des matières premières, le pays n’arrive toujours pas, 52 ans après,  à bénéficier des retombées positives de ce secteur porteur de croissance qui aurait pu ‘’booster’’ son   développement socio-économique.

Toutefois, il estime que des acquis significatifs ont été enregistrés sur le triple plan de la connaissance du potentiel minier, du développement  minier et des réformes institutionnelles et réglementaires opérées par les différents régimes sociopolitiques qui se sont succédés à la tête du pays depuis son indépendance en 1958.

Akoumba Diallo a dans sons exposé, déploré cependant la gestion peu rationnelle du cadastre minier et de l’offshore guinéen, l’inadéquation du  régime fiscal et douanier, la mauvaise gestion de la politique minière, notamment le manque de textes d’application, l’absence de moyens de contrôle et de suivi des sociétés et des projets miniers en activité, tout comme l’absence de textes d’application appropriés du Code minier ainsi que le flou dans la réglementation de la gestion des substances radioactives.

 

A la fin de son exposé et en guise de contribution, Aboubacar Akoumba Diallo a recommandé entre autres : la poursuite des recherches géologique et minière pour une meilleure connaissance des ressources du sous sol devant relever de la gestion stratégique de l’Etat , l’optimisation de la gestion du cadastre minier , la prise en compte des exploitants artisanaux  dans la définition de la nouvelle politique minière, le passage de l’exploitation primaires des ressources à l’industrialisation pour créer de la valeur ajoutée , l’adéquation entre les besoins industriels du pays et ceux de son développement socio économique et des allocations substantielles de ressources aux collectivités de base sans oublier la protection et la préservation de l’environnement.

  

 

 

       Le temps des débats et des échanges

 

L’exposé liminaire du journaliste Akoumba Diallo a suscité des débats enrichissants, coordonnés par le modérateur Dr Amadou Bano Barry, vice recteur de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia    

Prenant la parole et sur la base des expériences acquises au cours de leur gestion, les anciens ministres des mines sont intervenus pour partager leurs connaissances du secteur.

Dr Ousmane Sylla, ancien Ministre des Mines et des Ressources Naturelles a, ce faisant expliqué le rôle qu’il a personnellement joué dans l’élaboration, en 1986 des premiers codes ‘’minier, environnemental et de l’hydraulique’’ en Guinée aidé à l’époque par l’expertise de la Banque Mondiale.

 Pour Dr Sylla, l’élaboration du code minier devait permettre à l’époque à la Guinée de  mieux s’outiller pour prendre une part active sur le marché international, mais aussi d’accroître les revenus de l’Etat et de promouvoir l’emploi et la croissance.

M. Sylla a souligné en fin que ce code minier guinéen qui a connu une  révision en 1995 mérite d’être adapter au nouveau contexte du pays, mais aussi aux réalités internationales.

Pour Dr Ahmed Tidiane Souaré, ancien Premier Ministre et ancien Ministre des Mines si on veut exploiter et valoriser nos ressources qui ne sont qu’à l’état brut, « il suffit simplement de corriger les faiblesses du passé sans rien compromettre des acquis à travers  des discours déplacés de nature à décourager les investisseurs ».

 Selon lui, la Guinée devrait davantage séduire et rassurer  les investisseurs étrangers qui viennent dans le pays parce qu’ils ‘’ont besoin d’un climat de paix, de sécurité, d’une stabilité institutionnelle et surtout d’une justice crédible pour investir’’.

Le vice-président de la chambre des mines de Guinée, M. Mamadi Youla a pour sa part, « déploré les menaces de révision qui pèsent sur les accords et conventions miniers que les autorités guinéennes font planer ces dernières années sur les sociétés minières. Un facteur qui les empêche de travailler sereinement. Il a notamment mis en exergue l’instabilité du cadre juridique et réglementaire qui caractérise ces temps ci le secteur minier. Toute chose qui influe négativement, selon Mr Youlah sur la compétitivité des sociétés et entreprises et sur la sérénité des investisseurs.

Mr Abdourahmane Sano, opérateur économique et ancien ministre de l’agriculture, a justifié « les insuffisances du secteur minier guinéen en grande partie par le phénomène de  corruption entretenue au niveau des cadres de l’administration publique ».

Mr Momo Sakho,  conseiller juridique à la Présidence de République a stigmatisé « le non respect des textes d’application du code minier revu et rédigé en 1995 ». Il a par ailleurs rassuré que les nouvelles orientations et stratégies envisagées par le gouvernement permettront à l’Etat d’obtenir de meilleurs résultats.

 

Aussi présent à ce déjeuner, le président du comité de révision du code minier guinéen.

 Mr Nava Touré, a regretté la controverse infondée née de la révision du code minier qui selon lui, a suscité à tort « un sentiment de spoliation ressenti par les représentations de quelques sociétés minières évoluant en Guinée ».

« Notre objectif c’est de capitaliser les expériences passées pour essayer d’améliorer les retombées économiques et financières que le pays et les populations peuvent tirer du secteur minier » a notamment souligné Mr Touré. Il promet à cet effet de tout mettre en œuvre, en élargissant la concertation autour de la révision du code minier, pour dissiper le sentiment de spoliation des acteurs du secteur minier et rassurer les Guinéens sur la détermination du gouvernement a protéger les intérêts du pays.

M. Morciré Sylla, de l’Ordre national des ingénieurs géo-mines lui a plaidé « pour plus de liberté d’action des techniciens guinéens qui ne devraient pas subir l’influence des politiques dans le traitement des dossiers miniers ». Il a également milité en faveur d’une formation pointue et d’un meilleur traitement salarial des cadres du secteur pour les mettre à l’abri de la corruption.

Il estime par ailleurs que la Guinée devrait s’inspirer des meilleurs cas de réussite dans la gestion du secteur minier à l’image du Mali et de la Zambie.  

Me Alpha Oumar Diallo, avocat d’affaires, spécialiste des questions minières, a dénoncé le manque de « visibilité de la politique minière en Guinée ». Ce qui selon lui, empêche tout investissement de qualité  et tout développement en toute sérénité dans le  secteur minier depuis les indépendances.

 

            Remarques des Diplomates

        et Partenaires au développement

 

Ce débat a aussi suscité beaucoup d’intérêt chez les diplomates et partenaires au développement qui étaient également présents à ce déjeuner de presse. Ils interviendront à tour de rôle pour apporter des critiques et suggestions.

 

 L’ambassadeur d’Allemagne en Guinée, SE Karl Prinz présent à ce déjeuner de presse a regretté l’absence d’un débat national en Guinée sur les questions majeures. C’est le cas selon lui du code minier guinéen que le gouvernement est en train de réviser élargir le débat à d’autres sphères les universités, écoles, assemblée ... Karl Prinz fera le même constat au niveau des questions des échecs scolaires et universitaires, les problèmes de gestion et de protection de l’environnement, la santé publique … rien ne débat en profondeur c’est bien dommage  affirmera amer, le diplomate allemand.

M. Jean Lafargue, le deuxième conseiller de l’ambassade de France en Guinée a révélé que son pays, à travers l’Agence française de développement contribue à la rédaction du code minier. Il estime cependant que la Guinée devrait miser davantage sur ses ressources humaines qui, selon lui, valent plus que les ressources minières. Il a vivement salué l’initiative du REJEG.

 

M. Tong Xinping, de la section politique de l’ambassade de Chine en Guinée a estimé qu’il faut trouver « un juste équilibre entre les intérêts des investisseurs étrangers et ceux du pays ». Selon lui, la Guinée a tout à gagner en assurant la formation de ses cadres et en percevant d’importants revenus issus de l’exploitation minière.  

 

Pour le représentant du FMI (Wayne Camard) et du PNUD (Olivia Dong), il est important aujourd’hui que les nouvelles autorités opèrent de façon réaliste et pragmatique des reformes au niveau du secteur minier guinéen de nature et le rendre attrayant et incitatif auprès des investisseurs.

Wayne Camard du FMI estime pour sa part que le grand challenge, c’est comment concilier la nécessité de protéger et de valoriser le patrimoine du pays et les intérêts des populations en créant, en même temps, un environnement attrayant pour les investisseurs. Il a aussi interpellé le REJEG « sur le vrai rôle que la presse locale devrait jouer dans l’amélioration de la gouvernance économique et minière en Guinée »

Mme Olivia Dong du Système des Nations Unies a exhorté les sociétés minières à mettre en place une bonne politique sociale en vue de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations des zones exploitées , tout en créant de l’emploi décent et durable

Mr Mamadou Alpha Diallo de la GIZ allemande, intervenant  en qualité de  simple consultant a fait observer l’absence de ‘’vision de la politique minière en Guinée’’ toute chose qui ne donne pas une grande visibilité  de la politique économique dans son ensemble.

Mr Diallo a également insisté sur l’importance de la formation et de la qualification des ressources humaines, seule à même de donner une impulsion au secteur minier guinéen.

En tant que président d’honneur de ce déjeuner de presse, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle s’est surtout réjouit de la qualité des débats et du choix du thème.

Toutefois M. Albert Damantang Camara a soulevé une question essentielle « que ferait la Guinée s’il n’y avait pas de mines ? »

Autant dire et de l’avis du Ministre Albert Damantang Camara, la Guinée devrait diversifier ses secteurs de développement et ne pas dépendre uniquement que des mines, si elle veut s’en sortir. Il a particulièrement insisté sur l’adéquation formation emploi et sur le renforcement des capacités des ressources humaines afin de relever les grands défis du développement au cours des années à venir. C’est en cela qu’il remerciera les membres du REJEG pour leur implication dans l’amélioration de la gouvernance économique et financière du pays.

 

 

       Suggestions et Recommandations   

   

Au terme de cette rencontre, qui aura été très fructueuse, le réseau des journalistes économique de Guinée REJEG a tiré la quintessence du débat à travers ces suggestions et recommandations:

- Exhorter le gouvernement à présenter la vision, les contours et les grandes orientations de sa politique Economique et minière

 - Mettre en œuvre une politique de communication pour rendre davantage visible et lisible la politique Economique et minière du gouvernement au prés des acteurs et partenaires du secteur  ainsi que les populations.  

- Responsabiliser davantage les cadres et techniciens du secteur minier tout en veillant sur leur indépendance assortie de l’application de sanctions positives ou négatives

- Elargir et approfondir la concertation dans le processus de révision du code minier avant son entrée en vigueur 

- Etre rigoureux  dans la mise en œuvre des textes d’application des textes réglementaires et juridiques régissant les activités dans le secteur minier

- Faire en sorte que la nouvelle politique minière dépasse la phase d’extraction pour la phase d’industrialisation qui apporte de la valeur ajoutée au secteur avec plus de revenus et d’emplois décents

- S’inspirer des meilleurs cas de réussite en Afrique et ailleurs dans la mise en œuvre de la nouvelle politique minière

- Rassurer les investisseurs et les acteurs du secteur par rapport aux réformes engagées

 - Renforcer les capacités de ressources humaines pour en faire des outils efficaces et efficients  dans la mise  en œuvre des politiques, projets et programmes du secteur minier

- Veiller à la mise en œuvre effective des textes d’application des conventions, codes et contrats dans le secteur avec le renforcement du rôle régalien de l’Etat dans le suivi et le contrôle face aux grandes mutations qui caractérisent le secteur

- Utilisation rationnelle et efficace de l’expertise guinéenne (anciens ministres,  hauts cadres de l’Etat, acteurs de la société civile)

- Tenir compte des intérêts du pays et des populations sans oublier les contraintes liées à la compétitivité du secteur minier dans le toilettage des textes institutionnels et règlementaires

- Combattre la corruption et la concussion en respectant les principes édictées par l’initiative de transparence dans les industries extractive ITIE

- Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de renforcement des capacités des ressources humaines qui tient compte de l’adéquation, formation-emploi sur le secteur minier

- Assurer une stabilité de l’environnement juridique et institutionnel pour garantir la sérénité des investissements de grande envergure dans le secteur minier.

- Exiger des multinationales qui évoluent sur le terrain de mettre en œuvre des politiques sociales qui ont un impact réel sur l’amélioration des conditions de vie et de traitement des travailleurs du secteur minier

- Revoir à la hausse le niveau des ristournes ‘’d’aide au développement local’’ que les sociétés minières versent aux collectivités décentralisées les abritant 

- Sécuriser les investissements, les infrastructures et les installations du secteur minier

- veiller à la protection et la préservation de l’environnement

-Appuyer et associer le REJEG dans l’élaboration et la mise de la stratégie de communication  pour le développement du secteur minier

Le REJEG salue et apprécie de passage l’invitation qui lui été adressée a prendre part aux travaux du 5eme Symposium Minier du 10 au 12 mai 2011 a Conakry.

Ce rapport synthèse est la contribution symbolique du REJEG au débat pour une meilleure gouvernance dans le secteur minier guinéen afin qu’il contribue efficacement au développement socio économique de la  Guinée et des Guinéens. 

 

                Conakry Juin 2011   

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                 Mines et développement

Ce qu’en pensent les partenaires techniques

Les échos des propos d’un certain nombre de personnalités résonnent encore dans la tête de bien de participants au déjeuner de presse du REJEG (Réseau des journalistes économiques de Guinée), le 9 avril, dans un réceptif de la place. Nous vous proposons ci-dessous les interventions des représentants des ambassades de France et de Chine, du FMI, du Système des Nations-Unies et de la GIZ. Lisez !

Alain Lafargue, deuxième conseiller à l’Ambassade de France en Guinée.

« La France n’est pas un grand pays minier, mais elle est très attentive à ce qui se passe. Elle participe, un certain moment, grâce à l’assistance technique, à la rédaction du code minier. Nous avons aussi par le biais de l’Agence française de développement une veille permanente  sur  le secteur. C’est surtout ce rôle de veille que nous avons. Mais, il y a aussi, suite à la visite du Président Alpha Condé en France, une mission d’hommes d’affaires qui se prépare pour venir en Guinée, en particulier à partir de début juin prochain. Il est probable qu’il y aura parmi ces délégations du patronat français, des personnes  qui s’intéresseront au secteur, que ce soit pour des partenariats, que ce soit pour des sous-traitances éventuellement. Vous savez, les grands groupes miniers ne travaillent pas seuls. Ils sont souvent en partenariat avec d’autres intervenants. Je voudrais par appuyer un point sur les ressources humaines qui me semble un point crucial. Parce que tout au long de la chaîne, c’est la ressource humaine qui va compter plus que la ressource minière. Puisqu’un pays se fonde plus spécialement sur ses ressources humaines que ses autres  ressources. Il y a des pays sans ressources qui, grâce à la ressource humaine,  font des miracles. Et là nous sommes bien placés. Il y a des personnes parmi nous qui peuvent vous en dire plus là dessus. »

Le conseiller politique de l’ambassade de Chine

« …Je suis tout à fait d’accord avec l’ancien ministre des mines qui a dit que la Guinée suscite un grand espoir pour ses ressources minières. Vous savez que chaque année la Guinée exporte environ 15 millions de tonnes de bauxite. Vous avez commencé à en exporter depuis les années 60-70 du siècle dernier. Jusqu’à maintenant vous n’avez produit quelque 600 millions de tonnes de bauxite. Comparativement au potentiel dont dispose le pays, on peut encore exploiter les ressources pendant plusieurs années encore. Vous avez des minerais de fer. Vous avez un grand espoir sur le code minier qui peut aider le pays dans ce domaine.  Je voudrais partager avec vous l’expérience de la Chine. Il faut équilibrer les intérêts du pays et les intérêts des investisseurs étrangers. Quand les investisseurs étrangers arrivent dans un pays, c’est pour gagner de l’argent. C’est simple. Sinon, aucun investisseur ne vient ici pour aider le pays sans aucun objectif. Ça, tout le monde connaît. Par exemple chez nous, notre ancien leader… a dit qu’il faut que l’investisseur gagne de l’argent chez nous, mais que nos cadres apprennent leur expérience de gestion et que  nous ayons aussi des taxes à percevoir. Comme quelqu’un disait avant moi, il faut toujours créer un environnement propice à l’investissement étranger. Si on change toujours, les investisseurs étrangers se sentent en danger. Dès lors, ils ne peuvent investir des milliards, car le secteur minier nécessite de gros investissements.  Il faut aussi mettre en application des mesures à partir de la réalité du pays. On ne peut pas toujours avoir des objectifs très ambitieux. Au début, la France, l’Allemagne étaient nos partenaires privilégiés. Quand on parle des marques Volkswagen, Citroën, Renault, maintenant il y a partout ces marques de voiture. Cela veut dire que, on va avoir les capitaux de la France, de l’Allemagne, mais aussi il va y avoir un transfert immédiat des technologies de ces pays vers la Chine. Donc, quand les Français, les Allemands vont en Chine, il faut qu’ils gagnent de l’argent d’abord. C’est dire qu’il faut faire les choses à partir de la réalité nationale. »

Le Représentant du FMI interroge et interpelle les journalistes guinéens

« Je voudrais féliciter et remercier les membres du réseau des journalistes économiques. J’espère pouvoir continuer à coopérer avec la structure et ses membres. Je ne suis pas venu aujourd’hui pour parler, mais plutôt pour écouter. Les gens qui ont parlé avant moi ont bien soulevé les problèmes  qui existent toujours entre la nécessité de protéger le patrimoine du pays pour le bien être du peuple et la nécessité d’avoir un environnement attrayant pour les investisseurs dans le secteur minier. C’est une question très délicate dans tous les pays. Et ici, il y a beaucoup de soupçons que les gens impliqués dans le secteur minier sont tous des malfaiteurs. Certains l’ont déjà dit. C’est même plus difficile. Alors, je voudrais poser une question aux journalistes, intermédiaires entre les professionnels et les spécialistes qui essaient de faire leur mieux pour trouver le bon équilibre à cet égard et le peuple guinéen, rempli de soupçons, de critiques de ce qui a déjà été fait dans le secteur. J’aimerai bien savoir comment est-ce que vous, vous allez reconnaître une bonne politique ? On a une commission qui est là, en train d’élaborer un nouveau code minier, je ne m’en doute pas que ça va être un bon code. Mais comment vous allez faire votre propre appréciation ? Moi, je ne suis pas un spécialiste dans le domaine, alors je ne peux pas le faire, sauf avec référence à d’autres. Vous qui êtes les intermédiaires entre le peuple et le secteur, j’aimerai bien entendre comment vous pouvez apprécier les travaux dans le futur. »

Mme Olivia Ndong Obiang, chargée de Communication

 Bureau du Coordonnateur Résident du Système des Nations Unies en Guinée

« Je félicite le Réseau des journalistes économiques de Guinée pour l’initiative et surtout saluer l’initiative de la Banque mondiale d’encourager ce type de forum de rencontres. J’ai beaucoup appris. Je pense que chacun sort gagnant. Les discussions étaient bonnes. Si je puis me permettre, je discutais tout à l’heure avec mon voisin de table, qui est vice-président de la chambre des mines. La question que je lui ai posé, c’était de savoir si les entreprises du secteur minier en Guinée avaient de bonnes politiques sociales. Il m’a prouvé qu’elles en ont des bonnes. Je pense que c’est la meilleure chose quand on défend une image, quand on veut montrer qu’on connaît l’entreprise citoyenne. Je pense que la meilleure chose c’est d’avoir une bonne politique citoyenne. On parlait d’adéquation formation-emploi. Je pense que si la politique citoyenne des sociétés minières consiste, justement, à construire des écoles, à former de façon professionnelle, cela peut réduire le chômage ».

Mamadou Alpha Diallo, Conseiller technique de la

GIZ (Coopération allemande au développement)

« Je m’exprime non pas seulement en tant que représentant de la GIZ, mais aussi et surtout en tant que citoyen guinéen. J’ai bien accueil l’idée du consultant chargé des mines quand il a dit que le code minier, à lui seul, ne résout pas le problème. En fait, quelqu’un qui viendrait aujourd’hui en Guinée pour s’implanter, qu’il soit du secteur privé ou en tant que partenaire technique et financier, il aimerait d’abord savoir la vision minière guinéenne. Est-ce que la Guinée a une vision minière ? Dans cette vision minière, certainement le partenaire va trouver son compte. Pour le moment, on ne parle que du code minier. Je ne vois pas une vraie politique minière, d’une manière durable. Parce que, qu’on le veuille ou pas, il ne faut pas réinventer la roue. Ailleurs, il y a l’African Mining Vision. Certainement, les techniciens miniers pourraient s’inspirer  de ce document, pour appuyer le gouvernement guinéen pour élaborer une politique minière durable, pour une croissance en faveur des pauvres. »

Propos recueillis par Bachir Sylla

 



31/08/2011
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