Le blog du Réseau des journalistes économiques de Guinée

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Ousmane Diagana, nouveau Directeur des Opérations de la Banque Mondiale pour la Guinée:

Ousmane Diagana est le tout nouveau directeur des Opérations de la Banque Mondiale pour la Guinée, le Mali, le Niger et le Tchad, avec résidence à Bamako, au Mali. Ce Mauritanien bon teint a été nommé à ce poste, début juillet dernier, à la suite d’une restructuration de la Région Afrique de la Banque Mondiale. Jusque-là, c’est Issac Diwan qui était Directeur des Opérations pour la Guinée, le Ghana, le Burkina Faso, le Liberia et la Sierra Leone.

 

Au cours de la rencontre qu’il a eue avec des représentants de la société civile guinéenne et des ONG locales, le mercredi 10 août, au siège de la Représentation de la Banque Mondiale, à Conakry, M. Diagana disait être venu écouter les différentes composantes de la nation guinéenne pour mieux cerner les réalités du pays. «Je suis à ma première visite en Guinée. Je ne connais pas bien ce pays. Je ne connais pas non plus suffisamment ses acteurs. Ce que je sais, par contre, c’est qu’il y a une société civile dynamique en Guinée, qui contribue efficacement à l’encrage de la démocratie et au changement qualitatif de la gouvernance dans ce pays», a-t-il souligné.

Tout en promettant d’avoir une oreille attentive aux recommandations de ses interlocuteurs en face, il a loué les bons rapports qui existent déjà entre son institution et la société civile guinéenne. «Je sais que Siaka Bakayoko (Ndlr: Représentant résident de la Banque Mondiale en Guinée) et son équipe sont en contact avec vous. Aussi, la vice-présidente de Banque Mondiale pour l’Afrique apprécie beaucoup la société civile guinéenne, dont elle nourrit beaucoup d’espoir pour ce pays», a ajouté M. Diagana, avant de passer la parole à ses invités qui, tour à tour, ont exposé les défis, les opportunités et les obstacles auxquels la Guinée fait face en ce moment crucial de son histoire.

M. Abdourahmane Sano, opérateur économique, a soulevé les problèmes de gouvernance économique et de déficit démocratique qui ont toujours fait que la Guinée n’a pas pu valoriser son riche potentiel. Il a plaidé pour une relance du mouvement social guinéen qui, dans la stricte neutralité, devrait favoriser la liberté d’expression des citoyens. Lesquels doivent selon lui pouvoir interpeller les élus sur leurs projets et programmes de société. Cela nécessite, dit-il, un renforcement de la collaboration de la Banque Mondiale et de la société civile.

Le Dr Amadou Bano Barry, enseignant chercheur, a évoqué un certain nombre de défis de la Guinée, notamment ceux liés à la pauvreté, la mauvaise gouvernance, l’insuffisance d’infrastructures socioéconomiques de base, les problèmes de paix, de sécurité, d’unité nationale et au non respect de la loi. Il fustige le caractère budgétivore de l’Armée guinéenne qui, révèle-t-il, engloutit «40% du Budget de l’Etat et 15% du PIB (Ndlr: Produit intérieur brut).

Le Dr Barry d’inviter la Banque Mondiale à aider la Guinée à créer de la richesse pour sortir du cercle vicieux de l’extrême pauvreté dans laquelle baigne plus de la moitié des Guinéens. «En Guinée, 20% de la population profite de 80% des richesses du pays», déplore l’enseignant chercheur et vice-recteur de l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia. Il estime par ailleurs que le mouvement social guinéen doit être un juge impartial à l’avant-garde de la démocratie. Il a rappelé que dans un passé récent, ce mouvement social a aidé  les partis politiques à faire tomber le régime militaire.

Ibrahima Ahmed Barry, président  du Réseau des journalistes économiques de Guinée (REJEG), a rappelé l’impérieuse nécessité de parvenir à un consensus national pour faire face aux grands défis du pays. Pour lui, la récente attaque du domicile privé du président de la République, tout comme la présidentielle de 2010, ont davantage fragilisé le tissu social et accru les rancœurs entre pouvoir et opposition. D’où la nécessité de trouver le juste milieu et éviter que les uns tirent les choses vers le haut, d’autres vers le bas. Le président du REJEG a insisté sur l’importance de contribuer à la formation des journalistes qui servent d’interface entre gouvernants et gouvernés. M. Barry en a profité pour remercier la Banque Mondiale pour l’appui inestimable qu’elle apporte à son réseau et qui lui permet de former ses membres dans la lecture et la compréhension de la chose économique.

Dans le même sillage ou presque, M. Amirou Conté, homme de culture, a conseillé la Banque Mondiale de miser beaucoup sur la communication et la sensibilisation des populations pour une meilleure visibilité de ses actions sur le terrain.

M. Souleymane Bah, président de la Coordination des organisations de défense des droits humains (CODH) a flétri de son côté le fait que depuis l’indépendance de la Guinée, en 1958, «Aucun violeur de droits de l’homme n’a été inquiété». Selon lui, l’impunité a toujours été érigée en système de gouvernance en Guinée. Il s’est inscrit en faux par rapport aux propos du ministre de la Justice garde des Sceaux, Me Christian Sow, qui aurait affirmé qu’aucun des présumés auteurs de l’attentat contre le domicile privé du président de la République, le 19 juillet dernier, n’a été torturé. M. Bah a recommandé à la Banque Mondiale d’être davantage regardante sur les aspects liés aux droits de l’homme en Guinée.

Pour cet autre syndicaliste, le combat pour le changement en Guinée est né à la Bourse du Travail. Afin que ces efforts ne soient pas vains, il a sollicité un appui tous azimuts à la Banque pour la création de mutuelles en faveur des travailleurs guinéens, le renforcement de la justice sociale, de la campagne pour la citoyenneté, l’instauration des différents régimes sociaux et la vulgarisation du Code de travail.

Après avoir écouté ces différents intervenants, le Directeur des Opérations de Banque Mondiale pour la Guinée les a remerciés pour leur ouverture d’esprit et leur franchise. «Notre rencontre est courte, mais j’ai eu l’impression d’avoir fait un voyage à travers l’histoire et la géopolitique de la Guinée», a-t-il ironisé. Il s’est dit réconforté par tout ce qu’il vient d’entre. Il a rassuré la disponibilité de la Banque à œuvrer  aux cotés des uns et des autres.

M. Diagana a toutefois rappelé que les actions de la Banque sont circonscrites dans sa nouvelle stratégie qui fera l’objet d’une cérémonie officielle en octobre prochain à Conakry et dans le DSRP (Document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) du gouvernement guinéen). A propos de l’élaboration de ce document, il estime que ce doit être un moment de participation. «Il ne doit pas être fait que par des bureaucrates», martèle M. Diagana. Lequel conclut en ses termes: «On s’intéresse à tout, mais on ne peut pas tout faire.  Mais on peut porter vos soucis à d’autres partenaires…A force de trop embrasser, on fait des erreurs sans s’en rendre compte».

Bachir Sylla

In La République

 



29/08/2011
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