Le blog du Réseau des journalistes économiques de Guinée

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La Banque Mondiale relance ses activités Guinée:

 

Le pays se remet à courir après l’annulation de sa dette

 

Voilà plusieurs années que la Guinée court après l’annulation de sa dette extérieure à travers l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés) de la Banque Mondiale. En 2008, le pays était tout près d’atteindre le point d’achèvement, l’ultime étape du processus, quand la junte militaire s’est emparé du pouvoir au lendemain du décès du Général Lansana Conté. Contraignant ainsi les principaux bailleurs de fonds de la Guinée, dont le FMI et la Banque Mondiale, à suspendre leur coopération avec la Guinée. Il aura fallu attendre la tenue de la Présidentielle de 2010 pour voir ces partenaires renouer avec ce pays aux immenses potentialités, mais dont plus de la moitié des habitants vivent en dessous du seuil de l’extrême pauvreté.

Les 28 et 29 juin dernier, la Banque Mondiale a organisé un atelier de relance des projets et programmes qu’elle finance en Guinée.  « L’objectif de cet atelier  était de travailler de concert avec  toutes les parties prenantes à l’exécution de nos projets, pour nous assurer que les conditions qui sont définies dans les accords de crédit, les accords de don et les accords de prêt sont, non seulement, assimilées par les responsables de projets, mais également mises en application dans l’exécution desdits projets », a souligné M. Siaka Bakayoko, Représentant résident de la  Banque Mondiale en Guinée à la cérémonie de clôture de l’atelier, le 29 juin, dans un réceptif hôtelier de Conakry.

Le but ultime, selon M. Bakayoko, est de permettre à la Guinée, dans les 18 prochains mois, de décaisser, donc absorber l’équivalent de 160 millions de dollars US. « Cet argent, rassure-t-il, appartient à la Guinée. Il existe déjà sur les projets. Malheureusement, suite aux événements de décembre 2008, nos projets avaient été suspendus. Au jour d’aujourd’hui, la suspension de la Banque est levée. Et, depuis le 21 avril 2011, les ressources sont disponibles pour les projets ».

Patient soigné du cancer et qui meurt de rhume

Durant les deux jours de travaux, responsables de projets et programmes du groupe de la Banque Mondiale, cadres de l’administration publique, représentants de la société civile, des ONG  et de la presse ont discuté avec les experts de la Banque de tous les aspects liés à la vie des projets et à la coopération entre la Guinée et les Institutions de Bretton Woods. Il a été entre autre question de la bonne gouvernance des projets, de capacité d’absorption de la Guinée et de la maîtrise des règles et procédures de décaissement de fonds de la Banque Mondiale. Mais la question qui aura le plus retenue l’attention est celle relative à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE. A propos, le Représentant de Banque Mondiale a indiqué : « Il nous reste encore trois déclencheurs pour lesquels, M. le Ministre (Ndlr : Kerfalla Yansané des Finances), nous souhaiterions avoir votre appui, afin d’éviter qu’à la veille de la déclaration du point d’achèvement, nous nous retrouvions à la position du patient qui a été soigné du cancer et qui meurt de rhume.

Ces trois déclencheurs, selon M. Bakayoko, concernent l’audit des grands marchés, l’atteinte par la Guinée du taux de 85% de consultation prénatale et la publication des rapports annuels sur la corruption en Guinée.

Le ministre des Finances, à la suite du Représentant-résident de la Banque Mondiale, a estimé que l’atteinte de ces déclencheurs « n’est pas compliquée » et que  la balle est désormais dans le camp  de la Guinée. « Les déclencheurs, rappelle-t-il, sont les éléments qui restent encore à résoudre pour nous permettre d’atteindre le point d’achèvement, qui est lui-même, le point à partir duquel nous pouvons espérer obtenir l’annulation de notre dette dont le stock, actuellement, s’élève à 2, 5 milliards de dollars US ». Ce montant de la dette extérieure guinéenne, à ses yeux, représente beaucoup d’argent. L’enjeu, donc, en vaudrait la peine, car, note-t-il,  « si nous arrivons à ce montant de dette, c’est beaucoup d’argent de libérer pour pouvoir faire beaucoup d’investissements dans différents domaines : la santé, l’éducation, les routes… »

Comprendre comment le monde fonctionne

Le Ministre Yansané a fustigé, au passage, le fait que la Guinée  a toujours l’habitude de mettre ses problèmes de côté au lieu de les résoudre. Or, martèle-t-il, lorsqu’on met un problème du côté, tôt ou tard il se représente. Il a insisté sur la nécessité d’investir de manière significative dans les secteurs de l’eau et de l’électricité pour résoudre de manière durable les problèmes dans ces deux secteurs vitaux.

M. Yansané s’est réjoui par ailleurs des opportunités de formations qui s’offrent aux Guinéens à travers la Banque Mondiale. Il a également émis le souhait que d’autres séminaires suivent l’atelier de relance des activités de la Banque Mondiale en Guinée, afin de permettre aux Guinéens de comprendre davantage comment le monde fonctionne. « Je crois, c’est un peu le problème de la Guinée. On pense que nous sommes dans une île et que c’est le soleil qui tourne autour de nous. Il faut que nous sachions que le monde fonctionne autrement. Il faut que nous sachions comment le monde fonctionne, quelles sont les règles qui font qu’un pays va de l’avant. Et quels sont les blocages qui font qu’un pays n’avance pas », conclut le ministre Yansané.  

Bachir Sylla

In La République



29/08/2011
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